A la question « quel est le processus de décision des entrepreneurs ayant réussi ? », en 2001, Saras Sarasvathy a démontrée par ses recherches sur 27 entrepreneurs experts ayant réussi qu’ils ne suivaient pas du tout majoritairement une démarche basée sur la prédiction mais que ces derniers avaient recours à un tout autre raisonnement.
En 5 principes, voici comment les entrepreneurs raisonnent …
Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras
Les ressources à disposition nous permettent de définir les objectifs
Pourquoi vouloir opter pour quelque chose de plus de valeur que l’on est pas sûr d’obtenir dans l’avenir au lieu d’opter pour quelque chose que l’on a immédiatement ?
L’entrepreneur part avec ce qu’il a pour déterminer ce qu’il peut faire. C’est à partir de ce qu’il a au départ que l’entrepreneur se met en action afin de convaincre des parties prenantes à s’engager dans son projet.
La première démarche de l’entrepreneur est de construire à partir de ses ressources personnelles, cela demande une grande connaissance de soi.
√ Qui il est ? … sa personnalité, ses valeurs
√ Ce qu’il connait ? … ses connaissances de base
√ Qui il connait ? … son réseau
Le raisonnement en perte acceptable
Les coûts sont estimables, les bénéfices pas
L’entrepreneur réfléchis en termes de pertes acceptables à venir et non de bénéfices.
L’entrepreneur fixe une somme et des bornes dans le temps de ce qu’il est prêt à perdre à chaque étape.
Combien puis-je perdre et sur combien de temps ?
Il est difficile, voir impossible, d’évaluer de probables gains à venir. Par contre, il est beaucoup plus facile d’estimer des coûts et de les contrôler.
Ainsi, l’entrepreneur limite la perte acceptable dans le temps.
Le patchwork fou
Le résultat est imprévisible et dépend de l’engagement de chacun
patchwork = assemblage de morceaux de tissus de taille, formes et couleurs différentes. L’intérêt est qu’on ne connait pas à l’avance le motif final.
Un projet entrepreneurial se développe par l’apport de ressources externes. Les parties prenantes rejoignent le projet et apportent de nouvelles ressources (financières, humaines, matériels, idées).
La progression du projet est le résultat de l’engagement d’un nombre croissant de parties prenantes. Plus on a de parties prenantes, plus on a de ressources et plus les objectifs peuvent être ambitieux. Co-création, association, partenariat, etc.
C’est donc la capacité à l’entrepreneur de fédérer et impliquer d’autres personnes au projet qui définira la réussite et la viabilité du projet.
La limonade
Tirer partie du hasard et des opportunités
C’est l’effet “limonade”. C’est un effet fréquent, il existe de nombreuses entreprises dont le succès est lié à des surprises. On en tire la notion de sérendipité : tirer partie du hasard.
D’où vient le mot limonade pour ce principe ?
« Si la vie vous envoie des citrons, faites de la limonade”. C’est un principe d’opportunisme.
En réalité, dans un projet entrepreneurial, il y a une succession de surprises et ceci malgré toute la bonne volonté à vouloir tout planifier à l’avance.
En effectuation, au lieu de se battre et dépenser son énergie à éviter les surprises, on va accueillir les surprises (bonnes ou mauvaises) et les exploiter afin d’en tirer partie.
Le pilote dans l’avion
Apprentissage par l’action, transformation par l’action
L’entrepreneur n’est pas dans une logique de pronostique, ni n’essaye de prédire l’avenir, il essaye plutôt de le contrôler.
Il transforme et construit l’avenir avec d’autres. Le futur dépend de ses actions dans le présent.
Tel un pilote au commande de son avion, l’entrepreneur garde le contrôle sur le présent, imprime une direction et dès lors où il peut contrôler l’avenir, il n’a plus besoin de le prévoir.
Par Pascal Oberson
Dans la série … l’Effectuation
C´est quoi l´effectuation ?
Un entrepreneur, qui est-ce ?
Comment les entrepreneurs raisonnent-t-ils ?
Le processus entrepreneurial.
Liens
Philippe Silberzahn Professor of entrepreneurship and innovation
EMLYON Business School de Lyon
Effectuation.org